mercredi 26 février 2014

Comme des résultats

(Bon OK je vais arrêter d'appeler tous mes billets de blog 'Comme des'.)

Alors mes chers blogopotes et potesses adorées, vous m'avez bien fait rigoler avec vos déguisements malheureux et vos humiliations collégiennes. Allez, quelques morceaux choisis pour le plaisir:

Stéphanie Richard et la brassière anarchique: "mon premier soutif qui dura fort peu de temps et qui un jour de gym eut l'excellente idée de se casser en deux en pleine course, les baleines pointèrent donc vers l'avant comme deux défenses d'éléphant. Un certain moment de solitude..."

Ou la tragédie des baleines ayant décidé de faire grève de soutien en plein cours de sport afin de se reconvertir dans l'imitation de pachyderme.

Elisa Thepot et les règles du déguisement: "Il y a quelques années je me suis rendue à une soirée Deschiens (parce que oui, on adore ça). Ce qui est sympa c'est que du coup tu enfiles tout ce qui peut y avoir de plus moche dans ton placard, en faisant très attention à ne RIEN assortir, et hop t'es déguisée ( jupe de plage, collants psychédéliques, grosses chaussettes de sports, sandales, pull toucher serpillère, et hop un p'tit bandeau, une couette de travers, du rouge à lèvre autour des lèvres et sur les dents...). Mais bon il manque LE truc qui fera tourner toutes les têtes et te transformera en Queen de la Night... Et pourquoi pas... Pourquoi pas la plus grosse serviette hygiénique spéciale nuit, genre XXL, généreusement arrosée de Worcestershire sauce, délicatement posée sur mon postérieur ? Ben si ! Huuumm, les goûts et les couleurs..."

J'ai les photos de la soirée, Elisa... deux mille euros et un morbier entier ou je les balance sur Facebook...

La pauvre Alice m'a fait grincer les dents tellement son humiliation c'était une vraie humiliation: "Un des trucs les plus humiliants c'était en voyage scolaire, sur le bateau en revenant d'Angleterre, quand un abruti m'a piqué mon journal intime. J'éais évidemment amoureuse d'un camarade qui n'en avait rien à fouter de bibi et tout le monde s'est bien marré. Sauf moi qui me serais bien noyée, mais la Manche ça caille. En tout cas, je n'ai jamais refait de journal intime."

Moui moui, on dit ça, mais je me souviens bien, M'dame Brière-Haquet, qu'à la dernière conférence où on est allées ensemble vous gribouilliez des trucs illisibles sur un petit Moleskine au lieu de prendre des notes! ('Se chercheur il ait trop bau et ça présantation ait tro intéligente!!!! je l'aime')

Bon allez! et les RESULTATS dans tout ça?

j'ai mis les noms des participant/es près d'un vase de tulipes au soleil pour que vous voyiez qu'en Anglicheland en ce moment c'est pratiquement Saint-Trop',


Et j'ai pioché!

Alors, qui a gagné LA LOUVE?

Et j'en suis ravie, parce que Sabrina m'a fait hurler de rire avec l'histoire de son lapsus (très) révélateur (même si c'est pour son histoire de déguisement qu'elle a gagné, hein):

"Humiliation peut-être sur l'instant mais en grandissant, j'en rigole !
A la sortie d'un concert, revoir deux garçons rencontrés en vacances, manque le troisième et juste avant de partir je leurs demande de faire une "bite" à Victor au lieu d'une "bise"… Je me souviens encore de leurs yeux surpris qui semblaient dire : bite ? C'est bien ce qu'elle a dit ?
Oui, c'est bien ce que j'avais dit…
Merde, à une lettre près !"

Et qui a gagné COMME DES IMAGES?

C'est Mirontaine, à qui il est arrivé une histoire de salle de sciences... qu'elle reconnaîtra peut-être dans le livre!

"Au collège dans la salle de sciences, celle avec les grands carrelages blancs et les éviers, je triturais gentiment le robinet tout en souriant à Rodrigue, le petit brun charmant quand le robinet s'est ouvert, a éclaboussé l'ensemble de mes affaires et a entraîné ma chute du tabouret haut perché! Mon prof de SVT a toute l'année durant, ri aux éclats à chaque fois qu'il me croisait. ;)

J'espère que Rodrigue a eu du coeur, Mirontaine...

Merci encore à toutes celles et ceux (celui?) qui ont participé, et les gagnantes, envoyez-moi vos adresses s'il vous plaît! 

Bises

Clem

dimanche 23 février 2014

Comme des chroniques

Ca, c'est la taille de mes chevilles depuis les deux dernières semaines!


En partie parce que j'ai fait des pancakes aux flocons d'avoine absolument impeccables l'autre jour, mais aussi en partie à cause des chroniques de Comme des images, qui depuis la sortie du livre s'accumulent... et sont (pour la majorité) extrêmement positives!

Je dois dire que je ne m'attendais pas à des réactions aussi enthousiastes de la part des blogueuses et blogueurs... sans parler des emails d'inconnu/es que j'ai reçus. Je suis ravie et rougissante; heureusement, tout le monde autour de moi en Anglicheland s'en contrefiche, donc je n'ai personne ici auprès de qui faire ma crâneuse.

Voici la moisson des chroniques des dernières semaines et après je vous laisse tranquille... je suis particulièrement touchée par la profondeur de certaines chroniques, qui montrent que le livre a été lu avec tellement d'attention et d'intelligence, merci infiniment...

A little matter whatever, 05/02/2014: “Premier coup de coeur de 2014… Un conte cruel mais réaliste, bouleversant mais révoltant…Avec Comme des images, Clémentine Beauvais nous dresse un portrait réaliste des adolescents d’aujourd’hui, d’une violence insoutenable. Il y a la pression que l’on met sur certains pour la réussite de leur avenir mais ce qui m’a le plus ému, c’est le manque de communication. Ils sont ensemble en classe, ils sont amis sur Facebook ou s’envoient des sms à longueur de journée et pourtant ils sont seuls.”

Enfantipages, 05/02/2014: “Le  récit, zébré de passages au style différent (règlement intérieur, lettre, mur facebookien…) en ressort plus fort, et poursuit son cours vers l’inexorable avec une puissance décuplée. Un ouvrage qui bouscule avec beaucoup, beaucoup de talent dès 14 ans.”

Xlivres, 05/02/2014: “Dévoré en une seule soirée, j’ai été happée par l’histoire. Que va-t-il se passer ? … A lire non sans un certain avertissement (certaines scènes peuvent heurter la sensibilité du lecteur). Un roman coup de poing auquel on pense beaucoup après avoir achevé sa lecture.”

Cunéipages, 05/02/2014: ça fait froid dans le dos, dépassant largement le cadre de l’intrigue, parce que chaque mot est juste, que les situations sont d’une exactitude glaçante, et qu’une atmosphère puissante imprègne peu à peu le lecteur. C’est destiné à la Jeunesse mais peut être lu par tous, et je le conseille vivement.”

Divan Jeunesse, 06/02/2014: “Un roman très juste sur l’adolescence… Plume réaliste, écriture sans tabous, drôle et cruelle à la fois. Un texte de grande qualité. Bouleversant !”

Une souris et des livres, 12/02/2014: Tout est pour moi, parfait ! Des dialogues que l’on prend en pleine figure. Percutant, mordant, saisissant, cruel, mais réaliste ! Attention je n’ai pas dit glauque, c’est raconté par une ado de 16 ans. Je ne peux que vous le conseiller de le lire, j’ai été émue, bouleversée, révoltée. En le refermant je me suis posé des questions, un roman pour les adultes comme pour les ados, un livre qui, une fois fini vous reste en tête.

Bouquins en folie, 12/02/2014: On ressent. Beaucoup. Il y a l’attachement presque désespéré de la narratrice – qui ne porte pas de nom, à laquelle on s’attache, à laquelle on s’identifie donc, qui pourrait être n’importe qui – pour Léopoldine. Si elle le lâche, elle n’a plus ce modèle, elle n’a plus cette amitié, elle admet aussi qu’elle s’est peut-être trompée, que Léopoldine n’est peut-être pas cette formidable amie qu’elle a depuis la sixième.           Que se tisse-t-il vraiment entre tous ces personnages ? Que ressort-il vraiment de ce récit fluide, qui entraîne le lecteur dans une lecture passionnante, ce genre de lecture dont on semble ne pas voir les pages se tourner, ce genre de lecture qu’on ne veut pas arrêter – « allez un chapitre et j’arrête » – ce genre de lectures aussi entrecoupée de sortes d’ « extras », de compléments : commentaires YouTube, conversation Facebook …”
 
Muti et ses livres, 14/02/2014: “Jamais l’auteur n’emploie de mots édulcorés, si elle a un truc à nous faire comprendre, elle le fait directement, à la manière des ados qui sont vraiment trop direct en trop, dans cette façon qu’ils ont de vouloir trouver leur place, faire mieux que l’autre et être accepté. L’auteure aborde le sujet des conséquences qu’une vidéo peut avoir sur la personne concernée une fois publiée sur le net, mais pas que… J’ai lu très vite ce livre. J’ai ressenti toutes les émotions des protagonistes. J’ai eu envie d’en savoir plus sur chacun d’eux, mais là n’était pas le but de l’auteure. Elle voulait montrer comment une vie peut voler en éclat en si peut de temps.”
 
Récréalivres, 15/02/2014: “Léo personnage miroir semble d’abord être le principal enjeu du roman qui se déconstruit progressivement en se concentrant sur les personnages en marge, au-delà des apparences. A ce titre, la narratrice est la plus belle trouvaille de “Comme des images”. Sa façon de surplomber l’histoire avec une condescendance savoureuse et cet “air de ne pas y toucher” révèle une profondeur poignante d’abord insoupçonnée. C’est autour de ce renversement du sens de lecture, que l’auteur impressionne et touche à la fois, autour de cette scène saisissante qui fait le lien entre les chichis de la couverture chlorée et les mots de Sartre.
 
Les lectures de Val, 17/02/2014: “Je viens de me prendre une énorme claque par ce livre et cette auteure , je suis encore sous le choc de ma lecture. Cette histoire me trottera encore un long moment dans la tête. j’ai été à la fois émue, révoltée mais tellement bouleversée que je vous le conseille, que vous soyez adolescent(e) ou plus âgé(e), c’est une histoire à ne pas manquer, cela a été un vrai énorme coup de cœur pour moi.”
 
Bookronicles, 21/02/2014: “J’ai adoré ce roman, je ne l’ai pas lâché, que ce soit dans le bus, dans mon lit, ou en marchant dans la rue je lisait, et j’avançais dans le destin des jumelles Gauthier. C’est la première chronique que j’ai écrite car j’ai c’est de loin mon coup de cœur de la semaine!”
 
Le souffle des mots, 21/02/2014: “La toute première phrase nous laisse déjà une petite dose de suspens avant même de rentrer dans l’histoire, ce qui en quelques secondes donne le pouvoir à ce roman de nous devenir indispensable. On veut savoir. On veut comprendre ce résumé qui nous intrigue tant, ce titre aux multiples significations, ces personnages aux personnalités si complexes et si communes à la fois… Un coup de cœur si mystérieux, si perturbant, si dérangeant.
 
Jeblo, 21/02/2014: “un roman tellement intéressant et intelligent qu’il m’est difficile de trouver les mots pour cette chronique. J’ai absolument adoré l’atmosphère que dégageait ce livre, celle d’un Paris huppé ultra sélectif et obsédé par la réussite, l’une des nombreuses facettes de la capitale française.”
 
Ca sera comment, dis?, 21/02/2014: “Plus encore que les problèmes de communication sur les réseaux sociaux, ce roman aborde la question de la communication en général. Ce qui est le plus criant dans ces 200 pages, c’est l’absence totale de communication entre les deux générations. Profs et parents semblent totalement désœuvrés, heureux lorsque les ados semblent régler leurs problèmes tout seuls, au moins pas besoin de s’en mêler. Drôle d’époque, drôle de monde ultra-connecté et pourtant très solitaire. Un livre pareil, ça ne laisse pas indifférent, j’en tremble encore.”



mercredi 19 février 2014

La qualité du silence

Pour un auteur jeunesse, les interventions en classe en primaire n'ont rien à voir avec les interventions en classe au collège-lycée. L'école primaire, c'est les Bisounours: les enfants sont enthousiastes, loquaces, pétillants, sans inhibition. Ils vous mangent du regard, ils sont sur le bord de leur chaise. On en ressort tintinnabulante, avec une estime de soi et une taille des chevilles fraîchement triplée.

surtout quand ils vous font des gâteaux à l'effigie de votre livre et avec les initiales de votre nom #crâneuse

Le collège-lycée, c'est différent. Il se passe quelque chose dans ces quelques premiers mois à l'entrée en sixième, et pof! - on le voit déjà au deuxième trimestre, quand on passe la porte de la classe. La méfiance, la défiance - les élèves vous toisent, échangent des regards, des petits sourires sarcastiques. Ils ne répondent pas tout de suite aux questions, ou alors ils y répondent par de petites provocations.

eh madame Thomas il vous trouve bonne... (RIRE GRAS) nan mais en écriture je veux dire! (HARHARHAR)

Et puis si on fait bien les choses, si on leur montre qu'on est de leur côté, alors au bout de cinq ou dix minutes l'ambiance se détend et là on peut faire des choses vraiment intéressantes - et rigoler ensemble, et parler de sujets sérieux, les laisser parler d'eux, les écouter.

Pas du tout la même dynamique, donc, et on ne s'adresse pas à une classe de primaire comme on s'adresse à une classe de collège. En particulier, alors que je conclus souvent mes visites de classe de primaire par une lecture à voix haute d'un de mes textes, il ne m'était jamais venu à l'esprit de faire de même pour les classes de collège-lycée.

A un déjeuner lors d'un salon, l'année dernière, je discutais avec un autre auteur qui m'a suggéré de le faire. Il m'a dit que les ados aimaient qu'on leur fasse la lecture à voix haute. Je n'y ai pas cru une seconde - j'ai fait la fille polie ("Ah! Comme c'est intéressant!") tout en me disant intérieurement qu'il était totalement déconnecté de la réalité et que les ados à qui il faisait la lecture devaient se sentir insultés d'être traités comme des bébés.

CECI N'EST PAS UN ADO
Coïncidence, cependant: lors de la visite de classe de 4e que j'ai faite l'après-midi suivant cette conversation, la prof de français m'a dit devant toute la classe: "Les élèves voudraient beaucoup que vous leur lisiez un passage de votre livre." Livre (La pouilleuse) qu'ils avaient déjà lu (= étaient censés avoir déjà lu).

Je n'allais pas me défiler, vu que c'était la prof qui l'avait demandé et moi j'obéis toujours aux profs, mais je pensais encore une fois que c'était une élucubration d'adulte: les ados, me disais-je fermement, n'aiment pas qu'on leur fasse la lecture.

J'avais (évidemment) complètement tort. A peine avais-je commencé à lire que j'ai remarqué la qualité extraordinaire du silence qui s'était fait. Ils regardaient dans le vide, ou leurs pieds, ou leurs mains. Ils n'avaient pas l'air particulièrement hypnotisés ou émus, mais ils étaient silencieux et à l'écoute.

Quand j'ai eu fini de lire quatre ou cinq pages et que j'ai trouvé un moment où m'arrêter, il y a eu quelques secondes de silence supplémentaire, comme un flottement. Et ensuite ils ont recommencé à bouger, et certains ont dit faiblement, "Encore un peu...".

J'étais stupéfaite, d'abord parce que je n'aurais jamais pensé que des collégiens ou des lycéens aiment qu'on leur lise des textes à voix haute, et ensuite par cette qualité d'écoute que je n'avais jamais trouvée chez des élèves de primaire. Je pense qu'en primaire, les enfants sont tellement habitués à ce qu'on leur lise des textes à voix haute que ce n'est pas vraiment spécial pour eux.

Mais les collégiens et lycéens perdent vite l'habitude. L'habitude de se retrouver dans une situation où il n'y a rien d'autre à faire que d'écouter chaque mot l'un après l'autre, chaque phrase dans sa musicalité et son rythme. Du coup, quand on le fait, c'est quelque chose "d'à nouveau nouveau" pour eux.

Depuis, je lis à voix haute des passages de mes livres à chaque fois, ou presque, que je fais des interventions en collège ou en lycée. Il se passe toujours quelque chose. Je suis sûre que les profs de français en ont conscience, et je me demande combien d'entre eux se servent de cette qualité extraordinaire d'écoute pour leur lire des textes qu'ils ne liraient pas d'eux-mêmes avec tant de concentration, avec rien d'autre à faire.

Au risque peut-être, bien sûr, de désactiver peu à peu le sortilège...

mercredi 12 février 2014

Le Tousàpoilgate


un pays où il fait mieux bon vivre
 Au début, comme tout le monde, j'ai rigolé. La scène de Jean-François Copé fustigeant Tous à poil semble tirée tout droit des archives de Groland - je m'attendais à ce que Jules-Edouard Moustique passe ensuite le micro à Mickael Kael.

Au début donc c'était pas grave, c'était juste ridicule.

Jusqu'à ce que les Fransouches qui suivent Copé s'en mêlent et décident que oui, il faut vraiment censurer, bannir et interdire les livres "comme ça" à cause du "danger" qu'ils posent à "nos enfants".

Merde quoi, pour une fois qu'on parle de la littérature jeunesse dans les médias généralistes, c'est pour l'utiliser comme arme contre le gouvernement Hollande, et contre nous, les auteurs, illustrateurs et éditeurs, et les libraires, bibliothécaires et enseignants qui vont devoir maintenant réfléchir à huit fois avant de conseiller des bouquins à des gamins (jeu dangereux s'il en est).

(Et ça met aussi en danger de hausse non régulée de tension artérielle les chercheurs et les lecteurs professionnels, parce que c'est effroyablement agaçant d'avoir à écouter des ignares parler d'un truc que tu étudies jour et nuit depuis des années).

Juste quelques remarques, certaines évidentes:

  • Copé n'a aucune idée de ce que veut dire le mot 'idéologie' (ou plutôt, il le sait très bien, mais fait genre que non)
Dieu, s'Il existait, l'aurait Copé au montage
Jean-François Copé, qui est à ce jour la preuve la plus tangible que nous ayons de la non-existence de Dieu, est censé être quelqu'un d'un petit peu compétent et qui s'y connaisse un minimum en sciences politiques et en sociologie.

Sauf qu'il est capable de sortir des trucs comme: "Ce gouvernement a une idéologie", ou "Ce livre a une idéologie" comme si c'était une grande révélation.

Jean-François je t'annonce qu'il n'y a pas d'espace hors de l'idéologie. Evidemment il le sait très bien car le monsieur est allé à Sciences Po et à l'ENA comme tout le monde (dans ce monde-là), et ça m'étonnerait qu'il n'ait jamais eu de cours de théorie critique durant ces longues années. Il fait donc exprès de ne pas le savoir, c'est donc bien sûr par malveillance et populisme qu'il "tombe dans le piège" de dire: "idéologie = méchant", et "oui, il existe une manière neutre d'élever nos enfants".

Le gouvernement a une idéologie, oui. Oui la littérature jeunesse est idéologique. Toute la littérature jeunesse est idéologique. Il n'y a pas de neutralité, il n'y a jamais qu'une semblance de neutralité qui s'appelle l'idéologie dominante. J'en ai parlé ici.

En termes sartriens, il y a la littérature engagée et la littérature embarquée. La littérature engagée assume son idéologie, la littérature embarquée ne l'assume pas. La première est activement idéologique, la second passivement idéologique. Point à la ligne.

  • Copé le pauvre chou s'érige en victime et en leader de l'anti-système alors qu'il est en réalité coupable, et complètement dans le système.
Copé fait partie de ces gens qui sérieusement voudraient s'opposer à ce que certains livres soient présents dans les écoles et les bibliothèques. Pourquoi? Pour combattre le 'système'.

Bon, mais les livres qu'il attaque sont évidemment les 1% de la production totale de livres jeunesse qui sort un peu de la norme et présente des alternatives à la société patriarcale, hétéronormative, classiste et raciste dans laquelle on vit.

Oui, car on vit dans une société où la vaste majorité de la production culturelle pour les enfants, y compris les jouets et les jeux, perpétue l'idéologie dominante, c'est-à-dire celle de Copé et de ses copains.

Si Copé 'voit' de 'l'idéologie' dans ces livres jeunesse, c'est parce que les valeurs qu'ils diffusent ne sont pas transparentes, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas les valeurs de l'idéologie dominante, c'est-à-dire la sienne. Donc ces livres sont transgressifs et non pas en conformité avec le 'système'. C'est bien entendu Copé qui est conforme.

Ah, et puis 'Nos enfants', ces chers petits choux fragiles. Copé et ses copains n'ont que ces deux mots-là à la bouche, parce qu'il savent très bien que pour émouvoir les foules il faut parler des enfants, de 'nos enfants', c'est inter-espèces d'ailleurs, on émeut aussi quand on parle de girafons qu'on euthanasie et de chatons jetés contre les murs. Nous, les auteurs jeunesse engagés, on est soudain les Farid de la Morlette de l'éducation à la française.

'Nous les auteurs jeunesse engagés', on tiendrait tous confortablement dans l'antichambre de son bureau au siège de l'UMP, vu combien on est. A l'entendre, on dirait qu'on est des milliers.

Moi 'mes enfants' ça va, merci, je les sens pas trop en 'danger' dans la définition copéiste du terme. Parce que si jamais j'en ai un jour, j'ai totale confiance qu'ils naîtront dans une société où on en sera encore à remettre en question l'avortement comme ça de manière anodine, à perpétuer des stéréotypes de genre, de classe, de race et d'orientation sexuelle, parce qu'au train où vont les choses on ne dirait pas que ça soit près de changer. OUF ALORS.

  • Copé a porté atteinte à notre travail et à l'édition française pour la jeunesse.

Copé, qui a découvert la littérature jeunesse contemporaine avant-hier, a en quelques secondes soigneusement détruit symboliquement le travail de centaines de personnes qui lisent, écrivent, analysent ou publient des livres pour enfants de qualité, qui vivent de ça et qui vivent pour ça.

On a la chance énorme en France d'avoir une littérature jeunesse de haute qualité et extrêmement variée. On peut parler de tout et publier des livres de qualité. On a des maisons d'édition anciennes et des nouvelles, des maisons engagées, des éditeurs comme le Rouergue, Sarbacane, Talents Hauts, Rue du Monde qui n'ont pas peur d'assumer leurs choix esthétiques et politiques. On en a d'autres qui vont pêcher les meilleures productions mondiales et les traduire pour 'nos enfants'.

On a la chance d'avoir un gouvernement qui semble ouvert à la possibilité de promouvoir ces livres, qui est prêt à les défendre. On a la chance d'avoir un ministre de l'Education Nationale et une ministre des Droits des Femmes qui croient en la littérature jeunesse pour changer les choses, même un tout petit peu, même par stratégie politique.

On a la chance d'avoir une littérature jeunesse qui ne se tient pas tranquille, et qui n'est pas seulement là pour faire du business.

Jean-François, sérieux, viens cinq secondes chez moi à Cambridge faire le tour d'une librairie jeunesse et tu verras ce que c'est qu'une littérature idéologiquement homogène, lisse, inoffensive, qui respecte le système, qui 'se vend bien'. J'adore les Angliches, mais pour rien au monde je ne voudrais que la littérature jeunesse française prenne la suite de l'édition anglo-saxonne.

  • Copé n'y comprend toujours rien aux revendications féministes
Copé, qui n'a apparemment aucune notion de sociologie ou de théorie politique même basique, se croit capable "d'informer" le grand public sur les "dangers" d'une "théorie du genre" qui n'existe que dans les fantasmes (peuplés d'images de masturbation infantile et de pédophilie, il faut le rappeler) de groupuscules qui ne feront jamais l'effort d'ouvrir un livre de Beauvoir, de Butler ou de Greer pour savoir de quoi il retourne.

... là j'ai plus la force d'expliquer. Marre. Et puis il faut que j'y aille.

(C'est assez relou, quand on vit à la fois pour la littérature jeunesse et pour le féminisme radical, de se retrouver comme ça pile à l'intersection des deux sujets que cet homme a choisis pour étaler sa fausse ignorance.)

Bon, quand même avant de finir, je vais citer d'autres personnes sur le sujet:

"Tant que certains de nos dirigeants ne se formeront pas sérieusement et avec intérêt à ces domaines que sont l’enseignement, l’enfance, et ne liront pas enfin les études passionnantes sur le genre qui prouvent bien qu’aucune théorie dans le domaine n’existe, qu’aucune application dans le réel n’existe – ce sont seulement des réflexions sur comment les gens vivent – tant que cet effort ne sera pas fait, en face ils seront très forts, appliqués à tourner en inculture leur très grande culture, à placer des oeillères très opaques sur le front des gens, à construire des forteresses autour de l’esprit des enfants, dans le seul but de rallier une majorité à leur cause élective." 

"Les auteurs qui œuvrent pour plus d’égalité entre filles et garçons ne sont pas ceux qui font entrer la pornographie ou la pédophilie dans les lectures ou l’éducation des enfants. Au contraire. Ce sont ceux qui les séparent en deux groupes distincts, et leur imposent les codes de séduction des adultes, qui les sexualisent. Ce qui est scandaleux."


"Chaque fois qu'une personne parle de ce qu'elle ne connaît pas,
elle se ridiculise. Chaque fois qu'une personne politique parle
de ce qu'elle ne connait pas, elle se ridiculise, et elle fait du mal,
bêtement, à la politique et sciemment à ce qu'elle vise.

Dire qu'un livre pour enfant est nul parce qu'il n'y a pas
beaucoup de texte c'est dire que la Joconde est sans intérêt
puisqu'elle est sans texte, et que «Mein Kampf» (Mon combat),
le livre de Hitler, est génial, puisqu'il est plein de mots
et sans dessin. C'est être bête et se ridiculiser."


"Perso, j'ai écrit La Princesse qui n'aimait pas les princes pour ouvrir le dialogue, entre gens qui ont envie de s'écouter, de se comprendre. Pour se taper dessus, je conseille plutôt l'annuaire téléphonique. Bien épais et imprimé avec l'argent public, ce serait bête de se gêner."

"De tous temps, les dictatures et les régimes les plus autoritaires ont commencé par s’attaquer aux livres, par les accuser, les expurger, puis les brûler. Le fait que des individus, anonymes ou responsables politiques, puissent s’engager sur ce chemin qui les éloigne de la démocratie ne peut être considéré comme anodin. "

Et puis finir plus légèrement avec des personnages de littérature jeunesse tous à poil, juste pour emmerder Jean-François Copé. 


à poil Fifi Brindacier et Harry Potter,

à poil le Petit Nicolas,

à poil le Petit Prince,
Et puis à poil le héros et l'héroïne de cette fable transgressive où les petites grosses finissent par gagner et les chauds lapins sans cervelle finissent par perdre.


mercredi 5 février 2014

Comme des concours

Cette semaine, c'est carrément le délire car j'ai deux livres qui sortent à la fois!

et je suis très fière de mes jonquilles
Ils ont rejoint le petit club de livres:

il manque ma chérie, La Plume de Marie, on lui fait un bisou


ALORS ATTENTION FAUT PAS MELANGER


Voici pour vous aider à choisir un diagramme simple et très esthétique:


Bon allez, pour vous aider à choisir, voici aussi quelques photos de La louve, dont vous trouverez aussi une page entière sur mon site:

Splendides illustrations d'Antoine Déprez...

celles-là par contre il a oublié de les colorier, je sais pas pourquoi


La page de Comme des images, quant à elle, est ici, et en voici quelques... images:

la quatrième de couv!

avec des bouts de Facebook dedans

Bon mais je vais pas faire ma radine hein! Allez!
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CONCOURS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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Pour gagner un exemplaire de La louve, laissez un commentaire pour me dire quel a été le déguisement le plus étrange ou effrayant que vous ayez jamais porté....

Pour gagner un exemplaire de Comme des images, racontez-moi l'un de ces moments au collège ou au lycée dont on garde des souvenirs humiliants toute sa vie...

(on a le droit de jouer pour gagner les deux, hein!)

Allez bises et à dans deux semaines pour tirer au sort les vainqueurs!

Clem